Résumés

1. La construction de l’Histoire des Normands

 

Gilduin DAVY (Université Paris Ouest Nanterre La Défense), « Le passé (re)composé des juristes français: la naissance de la Normandie dans l'historiographie juridique du XVIIIe siècle »

Depuis la fin du XVIIe siècle, les juristes normands se sont intéressés à la fois à souligner les particularismes du droit coutumier de la Normandie et à restituer ce droit au coeur d'un processus historique qui fonde l'identité normande. Au XVIIIe siècle, nombreux sont donc les avocats au Parlement de Rouen à s'appuyer sur les sources pour souligner l'antériorité et l'originalité de la coutume du duché. A travers le récit de la naissance de la Normandie, ils se sont attachés à ancrer dans l'histoire des origines certaines des principales institutions de la province. On se souviendra notamment que Rollon est abondamment crédité de la création de l'Echiquier comme de la formation de la coutume, deux emblèmes de l'identité institutionnelle et juridique normande. Cette approche intègre un provincialisme juridique que la doctrine du siècle des Lumière connaît bien. Mais plus encore, plusieurs juristes déduisent des sources normandes la modélisation de schémas politiques à la charnière des Lumières et des Anti-Lumières. Défense de la monarchie absolue, revendication d'une monarchie aristocratique, voire d'une souveraineté nationale puisent, elles aussi, dans une réécriture du passé normand.

 

Véronique Gazeau, (Université de Caen Normandie, CRAHAM) : « 911-1911. La Normandie dans l’histoire : trois historiens au début du XXe siècle, Charles Homer Haskins, Gabriel Monod, Henri Prentout ».

Alors que l’histoire méthodique a rompu avec des méthodes d’écriture de l’histoire dépassées depuis le manifeste de Gabriel Monod paru en 1876,  Du progrès des études historiques en France depuis le XVIe siècle, on se demande quel traitement trois historiens du début du XXe siècle ont accordé à la Normandie médiévale dans l’histoire. Les trois historiens ont notamment privilégié la fondation de la principauté normande, d’autant que les trois œuvres que je souhaite examiner – The Normans in European history, Le rôle de la Normandie dans l’histoire de la France et Les origines et la fondation du duché de Normandie – s’inscrivent dans le cadre du millénaire de la Normandie en 1911. Haskins étudie la principauté normande à l’aune d’une histoire européenne, tandis que Monod se contente de s’intéresser au rôle de la Normandie dans l’histoire de France, quand Prentout traite des seules origines du duché. La communication se propose de comprendre l’/les héritage(s) laissé(s) par les fondateurs de la principauté, la/les vision(s) des Scandinaves promue (s), le(s) modèle(s) historiographique (s) fabriqué(s) par trois historiens qui se sont connus et rencontrés en 1911.

 

Agnès Graceffa (LAMOP), « Les Normands, prédateurs puis tributaires. L’analyse de Ferdinand Lot »

De l’ouvrage de synthèse que Ferdinand Lot projetait d’écrire sur la question normande, intitulé « Les invasions scandinaves en France », il n’existe malheureusement que la préface de 1913 (Bibliothèque de l’Institut, Fonds F. Lot). Celui qui fut l’un des grands maîtres de la médiévistique française du XXe siècle a néanmoins laissé, en plus de ce manuscrit, de nombreux articles, des lettres, des comptes rendus, ainsi que des notes de cours qui permettent d’appréhender son point de vue. La problématique centrale consistait à comprendre comment, de barbares envahisseurs, ces  Normands étaient devenus des agents de la prospérité du Royaume de France. Il s’agira ici de présenter son approche à l’aide du matériel imprimé et inédit que l’historien nous a laissé, mais également d’évaluer son impact dans l’historiographie contemporaine et postérieure.

 

Fabien Paquet (Université de Caen Normandie, CRAHAM, « Les deux visages du roi. Les historiens de la Normandie et Philippe Auguste (XIXe-XXIe siècles) »

Depuis le XIXe siècle, pour les historiens de la Normandie, Philippe II Auguste, roi de France de 1180 à 1223, est avant tout celui qui a dépecé l’empire plantagenêt, qui a triomphé de Jean sans Terre, et qui a fait de la Normandie une province française, en 1204. En parallèle, les historiens de la France en faisaient le bâtisseur d’un quasi « État » français, avec Bouvines comme triomphe national fondateur. Pour qui étudie 1204 en 2016, étonnante est l’empreinte conservée de ces deux traditions. La première, que l’on qualifiera de régionaliste, fait de 1204 « la mort d’une nation en puissance » (Lucien Musset) dont Philippe Auguste serait le fossoyeur. Il s’agira d’en comprendre les origines, les sources et les extensions car ce mouvement dépasse l’histoire et touche par exemple la littérature. On étudiera notamment les lectures de ce moment par Jean Revel (Faits et dicts normands, 1912 ; Histoire des Normands, 1918), Georges Laisney (Histoire de Normandie, 1944), Jean de la Varende (Guillaume le bâtard, conquérant, 1946), Lucien Musset (plusieurs articles), Roger Jouet (...et la Normandie devint française, 1983). Mais dans l’historiographie, Philippe Auguste est Janus : pour d’autres, en même temps, il est un grand roi, un fin stratège, le bâtisseur de la France. Cette image, où il devient l’antithèse non plus de Guillaume le Conquérant mais de Jean sans Terre, se rencontre tant chez les historiens français (Léopold Delisle, Achille Luchaire) qu’anglophones (Sydney Packard, Maurice Powicke, John Baldwin). Si cette tradition, dont les origines sont à chercher chez les auteurs du Moyen Âge eux-mêmes, a été bien plus rigoureuse et fructueuse, elle a aussi partiellement biaisé notre lecture de 1204 et, logiquement, de l’ensemble de la Normandie du XIIIe au XVe siècle. Comme l’ont notamment fait Stephen D. Church et Daniel Power pour Jean sans Terre, la figure de Philippe Auguste mérite d’être reprise par les historiens de la Normandie, pour lui ôter toute lecture téléologique, et permettre de répondre au souhait de Lucien Musset qui, en 1982, en citant Sydney Painter en 1949, appelait à entreprendre « en détail » la « naissance d’une province » – ce à quoi les deux lignes historiographiques étudiées à travers la figure de Philippe Auguste peuvent être des obstacles.

 

Francesco D’Angelo (Sapienza Università di Roma), « I Normanni visti dalla Norvegia. L'incontro tra Sigurðr Jórsalafari e Ruggero II nella storiografia norvegese ».

Le saghe dei re di Norvegia, redatte nel secolo XIII, riportano un episodio altrimenti sconosciuto e spesso trascurato, l'incontro tra re Sigurðr Magnússon Jórsalafari («viaggiatore di Gerusalemme») e il conte Ruggero (II), durante il quale il primo avrebbe conferito al secondo il titolo di re. La storiografia norvegese del XIX e dell’inizio del XX secolo ha dato credito a questo episodio e ha visto nella visita di Sigurðr a Ruggero una manifestazione del prestigio internazionale goduto dalla Norvegia; nella seconda metà del Novecento, però, un nuovo approccio metodologico alle fonti ha in parte rimesso in dubbio l'attendibilità delle saghe: di conseguenza, l'incontro tra il re e il conte ha perso valore in quanto fatto storico ed è diventato piuttosto un tassello minore in un mosaico narrativo più ampio, la crociata di Sigurðr (1107-1111). Dopo un'iniziale escursione sull'opera settecentesca di Tormod Torfæus (1636-1719), il mio contributo verterà dunque sul modo in cui, dall'Ottocento a oggi, gli studiosi norvegesi e islandesi, di volta in volta influenzati da ideologie (pangermanesimo, nazionalismo) e/o metodologie (la nuova critica delle fonti), abbiano interpretato questo presunto incontro con Ruggero II. Particolare attenzione sarà riservata alla convinzione tipicamente ottocentesca, sostenuta soprattutto da Peter A. Munch (1810-1863), che tra Normanni e Norvegesi vi fosse una "reciproca consapevolezza delle radici comuni", una tesi che, priva di concreti riscontri nelle saghe, risulta invece fortemente condizionata dalla temperie romantica e nazionalista del tempo.

 

2. Mythes, représentations et historiographie

 

Damien Jeanne (CRAHAM), « Puissance narrative et science historique. La représentation des Normands dans L’Histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands d’Augustin Thierry (1825-1846) »

Le 25 avril 1825 Augustin Thierry (1795-1856) fait paraître à Paris et à Caen les trois volumes de L’histoire de la conquête de l’Angleterre par les Normands. Jusqu’en 1846 sept éditions se succèdent du vivant de l’auteur avec des ajouts et des repentirs. Pour le premier médiéviste français, l’Angleterre du XIe siècle est un laboratoire historique du choc des « races ». La « barbarie » anglo-saxonne s’oppose aux Normands civilisateurs, comme jadis la sauvagerie des Bretons à l’urbanité des Romains. Les Normands d’Augustin Thierry sont sûrs d’eux-mêmes, conquérants et dominateurs. L’historien veut offrir au lecteur une « vision des vaincus ». Pour dénouer la trame narrative, il nous faut tirer sur cinq fils à la fois. L’historiographie anglaise et française du XVIIe et du XVIIIe siècle compose le premier. Le deuxième est formé par les mémoires des deux révolutions anglaises et de la Révolution française, avec les thèmes de peuple souverain, de nation, du rejet d’un pouvoir royal usurpé tout puissant sur les masses, établit avec la complicité d’un haut clergé arrogant et malhonnête. Le troisième est celui du progrès de la liberté et de la bourgeoisie. Le quatrième nous plonge dans une expérience esthétique empruntée à Ivanhoé de Walter Scott (1819). Le dernier fil est celui de l’emploi de sources serviles tournées dans le sens des fils précédents qui confèrent « à toute histoire le caractère d’histoire contemporaine » (Benedetto Croce). Les Moyen Âge d’Augustin Thierry sont moins convoqués dans l’historiographie française que ceux de Jules Michelet. Pourtant, c’est l’un des premiers de son siècle à écrire l’histoire autrement.

 

Judith Green (University of Edingurgh), « Writing the Normans into the History of England »

As the best known date in English history, 1066 and its significance has framed historical discourse for centuries around the idea of continuity and change. Since end of the middle ages there have been arguments about the continuity of English constitutional life and English law discussing questions such as whether the Anglo-Saxon witan evolved seamlessly into parliament, and whether Normans laced the English under the ‘yoke’ of feudal land law. A second major theme has been the role of the foreigner, whether this was to be framed in terms of race and language in the eighteenth and nineteenth centuries (Thierry, Palgrave and Freeman), or the independence of the English Church from Rome. A third theme has been the history of government and institutions: English sophistication (Wormald, Campbell, and Molyneaux)? Norman destructiveness (Warren)? Administrative kingship (Hollister)? Finally some historians have chosen to reframe the debate away from nationalism to imperialism (Le Patourel, Davies and, most recently, Bates), but this arguably subverts nationalist historiography without offering a more satisfactory context. This paper argues that top-down history, whether national or imperial, has been a distorting lens. An alternative view of the history of English society in the long eleventh century is offered here, in which ties of family, dependence and networks are incoporated, and due weight is given to regional difference.

 

Danièle Alexandre-Bidon, (GAM, EHESS), et Yohann Chanoir (GAM) : « « Le joug brutal des Normands ». La construction d’un roman national dans la bande dessinée et le cinéma »

Si la broderie de Bayeux, souvent représentée dans la bande dessinée comme au cinéma, peut être entendue comme une œuvre de « réconciliation » (Pierre Bouet, 2004), ni le 7e ni le 9e art n’ont suivi cette orientation idéologique. Walter Scott, dans Ivanhoé (devenu un best-seller aussi dans la bande dessinée et un chef d’œuvre au cinéma) avait déjà allongé de plus d’un siècle l’antagonisme entre Saxons et Normands « pour faire de son récit un moment […] fédérateur de la nation anglaise » (Michel Pastoureau, dans Le Moyen Âge à livre ouvert, 2003).

Au XXe siècle, les illustrés anglais pour la jeunesse, qui seront particulièrement scrutés ici, ont sciemment porté l’accent sur la rivalité franco-anglaise. L’occupant normand est systématiquement présenté comme un despote (« Down with the despot », Pip and Squeak Annual, 1930) ou un tyran (« Adam Inferno », Thunder, 13 février 1971). Les Normands, alias les Français, sont toujours montrés cruels envers les Saxons, autrement dit les Anglais. Les tensions nées de la Seconde Guerre mondiale et du Marché commun entraînent dans l’iconographie des médias de grande diffusion une aggravation de cette vision négative de la présence normande. Le cinéma partage cette vision, que ce soit dans Les Nouveaux exploits de Robin des Bois (1951), Ivanhoé (1953) ou dans Un Lion en hiver (1968). Les réalisateurs ont parfois évoqué la félonie normande avant 1066, comme dans Madame de Coventry (1955), soucieux de montrer que celle-ci s’inscrit dans un temps long.

Les illustrés anglais pour la jeunesse multiplient les séries sur l’occupation normande après Hastings, ainsi que les articles illustrés sur les signes de pouvoir des Normands sur le sol anglais (« Norman castles », Look and Learn, 27 mai 1972). Les histoires mettent en scène la rivalité normano-saxonne en insistant sur le joug normand avec son lot d’exactions, de pillages, d’impositions iniques, de violences exercées envers les populations saxonnes. Cette tyrannie expliquerait même la flambée de rébellion, deux siècles plus tard, qui a donné naissance à la geste de Robin des Bois : « Long, long after the great Battle of Hastings, the French Normans and British Saxons were still enemies » (Frank Bellamy, « Robin Hood & his merry men », Swift, 1956). Pour le cinéma, tant américain qu’anglais, cette relation de cause à effet est aussi évidente (Les Aventures de Robin des Bois, 1938 ; Le Défi de Robin des Bois, 1968 ; Robin des Bois, 1991). Le seigneur normand, héritier du Sir Guy des Aventures de Robin des Bois devient une figure récurrente, un topos, cristallisant la tyrannie et la fourberie normandes (La Grande Chevauchée de Robin des Bois, 1971, Robin des Bois) D’ailleurs, dans le monde anglo-saxon, nul, pas même les éboueurs, n’a oublié la date de la bataille de Hastings (Young Drake, « Blondie », 1987), qualifiée de « dernière des invasions de l’Angleterre ».

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Les deux médias offrent donc une grille d’interprétation politique du passé  d’autant plus intéressante à analyser que, en s’adressant, hier comme aujourd’hui, à un grand public, ils sont à même de modeler la lecture et l’interprétation de la Conquête normande. Celle-ci, toutefois, est envisagée presque exclusivement en direction de l’Angleterre, exceptionnellement seulement vers l’Italie. Deux références (une production italienne, Le Prince pirate en 1950, une BD française tirée des Belles histoires de l’Oncle Paul en 1971) l’évoquent.

À partir d’un corpus de 37 titres de BD (12 côté français, 24 côté anglais, 1 manga), sans compter une quarantaine de titres qui font des allusions visuelles à la tapisserie de Bayeux et donc à la conquête normande)et d’une vingtaine de films, cette contribution se propose donc d’étudier ce roman national diffusé par l’image, d’en souligner la concomitance et les convergences et d’en repérer les différences et les évolutions.

 

John Aspinwall et Alex Metcalfe (University of Lancaster), « Normannness in the South: identity, historiography and the Anonymous Historia Sicula».

The Historia Sicula, also known as the Anonymous Vaticanus, is one of a small handful of extant accounts that trace the rise of the Normans in south Italy and their capture of Sicily from the Muslims.  Until the early 1900s, it was common to draw on the Historia Sicula for its conquest narrative, but since then it has fallen from academic favour, not least as it covers many of the same episodes, and in much the same way, as Malaterra’s longer De rebus gestis. The most recent edition is still that of Caruso’s from 1723, which was published verbatim and along with its defective critical apparatus in Muratori’s Rerum Italicarum scriptores three years later. As such, the Historia Sicula has slipped between the cracks of current debate: undervalued in terms of historiography, it has also been overlooked for what it can say of the gens Normannorum and representation of the Normans as viewed through the lens of modern scholarship.

 

Errico Cuozzo (Università SOB Napoli, CESN), « I Normanni nella storiografia napoletana dell’Ottocento e del Novecento»

I Normanni sono stati al centro dell’interesse della storiografia napoletana perché fondatori nel XII secolo di quel  Regno che ha segnato  la storia politico-istituzionale del Mezzogiorno d’Italia e della Sicilia fino al 1860, quando  tutta l’Italia fu unificata dalla monarchia dei Savoia. All’interesse squisitamente politico-ideologico  verso la conquista normanna (De Blasiis, Schipa) è seguita una più puntuale  ricerca intesa a studiare le fonti  narrative e documentarie dell’Italia meridionale e della Sicilia di età normanna, ed a ricostruire gli ambiti giuridici nonché i quadri sociali e culturali che caratterizzarono la società del Regno degli Altavilla.

 

Ortensio Zecchino (Università SOB Napoli, CESN), « I Normanni e la mitologia dello 'Stato di potenza' nella storiografia otto-novecentesca »

L’idea di forte Stato nazionale, particolarmente  viva nella cultura tedesca della fine del XIX secolo, orientò la storiografia tedesca del tempo a considerare il Regno normanno di Sicilia come sua concreta, anticipata incarnazione. Ne nacque una memorabile disputa la Sybel-Fickerschen Kontroverse tra due posizioni facenti capo rispettivamente a Heinrich von Sybel (1817-1895) e a Kaspar Julius von Ficker (1826-1902) che si contrapposero sulla valutazione delle conseguenze della politica degli imperatori tedeschi rispetto alla nascita di quel forte Stato normanno. Nei primi decenni del secolo successivo quell’idea la ritroviamo nell’ispirazione di fondo delle biogafie sui due più illustri sovrani del Regno di Sicilia: quella di Erich Caspar su Ruggero II e quella, più complessa nei suoi motivi ispiratori, di Ernst Kantorowicz su Federico II. Anche dalla storiografia italiana non sono mancati significativi contibuti (Ernesto Pontieri) in piena consonanza nell’esaltazione del Regno normanno di Sicilia come modello di Stato forte.

 

3. Historiographies comparées

 

Lesley Abrams (Balliol College, Oxford) : « How to Measure Impact? The Role of Place-Names in National Historiographies of Viking-Age Settlement across the Scandinavian Diaspora ».

Every region that experienced settlers of the Scandinavian diaspora in the Viking Age has constructed a different story about its past. Settlers from the Scandinavian homelands have different profiles and play different roles in modern perceptions of national or regional identity. Thanks to the survival of different types of evidence across these several regions, different types of source have been used to measure the impact of local settlement by Scandinavian immigrants; this has affected how they are understood to have formed new societies and, where relevant, integrated with existing populations. In the kingdom of Rus’, for example, the historical narrative of Scandinavian takeover relies on the evidence of retrospective written sources and a large amount of archaeological evidence, especially burials and coin hoards. In Ireland the archaeological element has also played a major role, matched however by extensive annal records and other writings. Normandy, while rich in documentation from the eleventh century, lacks significant material evidence of Scandinavians in town and country, though it has many place-names and its language shows some evidence of influence. In Scotland and England, although there is some helpful archaeology, written texts leave us almost completely in the dark, and onomastic and linguistic evidence has been crucial in helping construct narratives of settlement. Meanwhile, in Iceland, place-names were woven into the national narrative in Landnámabók, the story of the island’s settlement.

Since the beginning of the twentieth century philologists and onomasts from Scandinavia pursued their interest in the history of the English language by joining forces with British scholars to study English place-names. Other overseas settlements have not attracted the same amount of expert attention. Although not a linguist myself, I would like to take the opportunity of this conference to compare the way that national historiographies have incorporated place-names into their understanding of the impact of Scandinavian settlement across the diaspora. My paper will examine the pros and cons of place-names as historical evidence in this context: understanding them as indicating density of settlement may be potentially misguided, for example, given the complexities behind the transmission of names to the present day; on the other hand, they may offer a more general reflection of what was going on in the countryside, throwing some light on the otherwise largely undocumented phase of land-taking.

 

Richard Jones (University of Leicester): « Viking DNA: attitudes to historical genetics in the Danelaw and Normandy, and the emergence of new national historiographies in the early twenty-first century ».

Historical genetics, based on the examination of modern DNA distributions, offers new ways of exploring the scale, timing, and potential processes underlying population movements in the past.  For those interested in the Viking diaspora at the end of the first millennium AD, studies of this kind are already offering insights hinted at, but not fully revealed by, the historical, archaeological, and onomastic records.  As a relatively new science, however, public understanding of what historical genetics may (and importantly may not) be able to tell us remains sketchy.  This, coupled with the fact that the advent of historical genetics in Europe has coincided with growing concerns in some parts of the community over levels of contemporary migration, and the adoption of overtly xenophobic rhetoric in mainstream political discourse, has led to accusations that historical genetics is not an objective science but rather one that seeks to serve particular political agenda. 

In Britain, it has been Far Right organisations that have been most vocal in expressing their distrust of historical genetics, accusing those undertaking such studies of attempting to bolster the liberal agenda by exaggerating the evidence for the intermixing of populations in the past.  In France, attacks have come from the other side of the political spectrum, with left-leaning organisations fearing that such studies serve to emphasise and/or establish ‘racial’ difference and thus place in jeopardy the fundamental principle of the indivisibility of all French citizens. 

This general picture is further complicated when such studies focus on the Viking past. In many quarters, largely as a consequence of the fascist baggage they accrued during the course of the twentieth century, but also as a result of narrow historical readings and retellings, the Vikings still remain extremely dangerous to this day.   The spectre of identifying ‘Viking’ DNA, and all the potential ramifications that flow from doing so, offers a profoundly worrying prospect for some.  DNA, often erroneously and unhelpfully viewed as a synonym for ‘blood’, it would seem, strikes at the heart of the matter in ways that simple adherence to Viking culture, religion or mythology or overt use of Viking iconography do not. 

In this paper, the current and future implications for the use of historical genetics in Viking studies in the context of contemporary politics, emerging discourses on migration, and social and economic tensions giving rise to more open expressions of xenophobia are examined.  It draws upon two recent studies—in Yorkshire, England and on the Cotentin Peninsula in Normandy—which reveal very different public and private responses to the search for ‘Viking’ DNA.  The paper explores why this should be the case, examining the role that existing national narratives might have played in setting the tone for these studies as well as more recent shifts in the political landscapes of these two parts of Europe, in particular the growing popularity and electoral success of the Front National in France.  Local and regional dimensions are also examined such as the varying degrees and ways in which Viking heritage is central to Yorkshire and Norman identities, and the existence of groups such as the Mouvement Régional Normand (and to a lesser extent the Mouvement Normand) that are keen to exploit the Viking past.  Analysis is based on questionnaires designed to understand participants’ motivations for taking part in these studies, their reception and reporting in the local and national media, and other correspondence generated in reaction to these research programmes.

What emerges from these case-studies is that historical genetics, which promises so much in terms of advancing our understanding of the Viking diaspora, is particularly encumbered by contemporary politics and ethics, perhaps to a greater degree than any other historical approach or methodology that has preceded it or with which it now shares the stage.  As a direct consequence, first generation historical genetics of the Vikings is already creating divergent regional and national historiographies. It is perhaps no surprise, against the backdrop of French indivisibility, that DNA studies which group individuals on the basis of their genetic signatures have not found favour among French scholars.  Conversely, the widely accepted British narrative of a ‘nation of immigrants’ perhaps explains why such studies have been thought to be far less controversial and thus more readily undertaken on the other side of the Channel.  These contexts, together with others such as the recrudescence of xenophobia and the rise in Islamophobia are liable to frame not just how and where such studies are undertaken, but also what questions are asked and how results are reported long into the future.  If this new science is to be effectively marshalled in the quest to throw equal light across all regions touched by the Viking diaspora, we must recognise these influences and take steps to address them from the outset.

 

Rosanna ALAGGIO (Università del Molise) : « Il contributo di Evelin Jamison alla storia dei Normanni del Sud »

In una miscellanea a lei dedicata nel 1971, Enrico Mazzarese Fardella scrisse di Evelin Jamison: « chiamati a dovere rispondere alla domanda: “che cosa devono a Evelyn Jamison gli studi sui Normanni nell’Italia meridionale e in Sicilia?” rispondiamo istintivamente: “tutto” ».

A oltre quarant’anni dalla scomparsa della studiosa britannica appare fondamentale tornare a riflettere sull’influenza esercitata dalla sua opera negli sviluppi della normannistica in Italia. Il contributo intende analizzare caratteristiche e criticità, in termini di indirizzi di ricerca e modelli interpretativi, degli studi di Evelin Jamison, la cui produzione si pone a fondamento della ricerca storiografica nei decenni successivi, anche per l’instancabile attività di editrice di fonti che la studiosa curò fino ai suoi ultimi giorni di vita.

 

Maer Taveira (EHESS),« La question du genre dans l’historiographie française et anglaise de la société normande médiévale à la fin du XXe siècle »

Un des événements majeurs du Moyen Age, la Conquête Normande de l’Angleterre est devenu objet de débat dans l’historiographie presque dans le moment immédiat de la victoire de la troupe de Guillaume le Conquérant. Evénement politique, pendant des siècles elle a été étudiée sous cet angle, voire manipulée à des fins également politiques. Si cette approche a marqué plus particulièrement le XIXe siècle, et une bonne partie du XXe siècle, l’historiographie consacrée au monde normand n’a pas manqué de subir l’influence et par conséquent les transformations provenant de la révolution historiographique de ce siècle.

En France cette révolution a été proposée par le mouvement connu sous le nom des Annales. A partir de l’intégration de nouveaux thèmes ainsi que de l’intérêt pour des sources, jusqu’alors méprisées par les érudits, les historiens regroupés autour des Annales, en abordant des sujets nouveaux, ont contribué à repenser diverses questions classiques dans l’agenda historiographique.

La troisième génération des Annales, à partir des années 70 sera marquée par la dimension de l’aspect culturel dans ses recherches. Sous l’influence des événements sociaux en France beaucoup des questions, entrées dans l’agenda des historiens à l’époque, ont été analysées avec l’objectif de préciser leurs origines, ou du moins d’appréhender ces mêmes questions dans d’autres contextes historiques.

C’est ainsi que les femmes ont commencé à attirer l’attention des historiens. Le débat et les revendications féministes aux Etats Unis ont beaucoup contribué également à la naissance de la gender history.

Je propose d’analyser comment ces évènements historiographiques et sociaux ont influencé l’historiographie consacrée au monde normand et anglo-normand. L’étude de Judith Green The Aristocracy of Normand England a été comparée, lors de sa parution à la fin des années 90, à l’œuvre classique de l’historiographie anglaise consacrée à l’Angleterre médiévale, The First Century of English Feudalism de Franck Stenton, publiée en 1932. En réalité, la recherche de J. Green a innové dans la thématique de l’introduction du féodalisme en Angleterre en abordant le rôle des femmes dans ce processus. Du côté français, malgré le fait que ses recherches n’ont pas exclusivement porté sur le monde normand, l’historien G. Duby a réalisé une lecture de la position des femmes dans la société normande médiévale à partir de diverses chroniques. De fait, ses dernières recherches ont été consacrées à la position de la femme dans la société médiévale.

Comment ces deux courants historiographiques, l’anglais et le français, ont-ils introduit et abordé la question des femmes dans le monde normand dans leurs recherches ? Ce faisant, comment la recherche a-t-elle enrichi la connaissance de la société normande médiévale, révélant des nouveaux aspects de celle-ci, mais aussi révélant des aspects de ces deux courants historiographiques eux-mêmes ? Comment leurs discours ont-ils innové d’un côté ; et comment, d’un autre côté, ce discours a-t-il été tributaire des traditions historiographiques héritées, de Stenton à Green et de Bloch à Duby ? Voici quelques questions que je me propose d’analyser pour mieux comprendre de quelle manière les femmes sont entrées dans les recherches consacrées au monde normand médiéval dans deux pays, et quelle est la contribution de ces recherches à la question.

 

Luigi Russo (Università Europea di Roma), « La storiografia crociata degli inizi dell’età moderna »

Il nostro contributo intende analizzare e ripercorrere la storiografia del movimento crociato di età moderna a partire dal "Gesta Dei per Francos" di Jacques Bongars (Paris, 1611) e "The Historie of the Holy Warre" di Thomas Fuller (Cambridge, 1647) nell'intento di ripercorrere la presentazione dell'apporto dei Normanni del Mezzogiorno italiano. Il punto di arrivo delle nostre riflessioni sarà costituito dai lavori di Raoul Manselli pubblicati negli anni Quaranta del XX secolo, poi confluiti nel volume "Italia e italiani alla prima crociata" (Roma, 1983). Intendiamo in questo modo dare conto dei fraintendimenti e delle letture parziali cui è andata incontro la partecipazione normanna alla crociata al fine di contestualizzare le ragioni della cattiva fama storiografica goduta da Boemondo e i suoi compagni.

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